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Je suis très attaché à cette notion de domaine, héritée d’une histoire ancienne et très riche dont je suis aujourd’hui le dépositaire. Ce terme nous renvoie à la fois aux origines de Chevalier et à cette idée d’équilibre qui sous-tend toute notre action et dont l’enjeu est à la fois une production et un mode de vie…

J’aime évoquer ce que pouvait être la vie en autarcie sur l’ancien Domaine de Chivaley. Je crois qu’il en reste ici quelque chose… Pour ma part, j’ai décidé de vivre sur le Domaine. C’est une osmose totale… Le téléphone du bureau sonne aussi chez moi. C’est un état d’esprit, une passion. On ne ferme pas à cinq heures.

Famille Bernard Continuité et Dépassement

« En 1983, ma famille, jusqu’alors spécialisée dans le négoce des eaux-de-vie et également dans celui des grands crus de Bordeaux, décide d’acquérir le Domaine de Chevalier… Lorsqu’on m’a proposé de devenir l’artisan de la nouvelle donne à Chevalier, je me suis laissé séduire par l’ampleur du pari.

Le message familial était clair. Il s’agissait de continuer l’oeuvre entreprise cent vingt ans auparavant et d’inscrire dans la durée une approche patrimoniale et qualitative d’un produit chargé d’histoire, riche d’une image unique. Fort de cette volonté, j’ai pu procéder, depuis mon arrivée à de nombreux investissements, tant dans le vignoble que dans les chais… J’ai préparé le domaine à ce nouveau millénaire…

L’effort consenti depuis 1983 a été considérable… Le vignoble, actuellement en pleine production, a été sensiblement agrandi. Tous les éléments de l’exploitation ont été revisités, repensés. Nous avons déboisé, bâti, reconfiguré. Rien n’a été laissé au hasard… Même si la transition s’est faite en douceur, la physionomie d’ensemble du domaine, mais aussi son image, ont beaucoup évolué… »

1953 Le classement

« C’est sous la tutelle de Claude Ricard que le Domaine a intégré le groupe privilégié des Grands Crus Classés de Graves lors du classement de 1953. C’est aussi grâce à lui qu’il a acquis sa véritable dimension internationale… Nous avons travaillé ensemble pendant cinq années qui m’ont permis d’appréhender la nature profonde de Chevalier. »

Claude ricard Vers la reconnaissance

Claude ricard Vers la reconnaissance

« Lorsque je suis arrivé sur le Domaine de Chevalier, en 1983, Claude Ricard le gérait depuis trente-cinq ans. Dès son arrivée, en 1948, il avait décidé de vivre sur la propriété. Sa réputation de viticulteur encyclopédique était immense… »

Gabriel Beaumartin Naissance de l’image du domaine

Gabriel Beaumartin

En réalité, c’est le gendre de Jean Ricard, Gabriel Beaumartin, qui, en quarante ans de présence à Chevalier, va véritablement asseoir la réputation des vins du domaine.

Commerçant en bois très connu, il va, au gré de ses voyages à l’étranger, propager l’image du Domaine de Chevalier qui, sous son égide, sera peu à peu mondialisée.

Jean Ricard le fondateur

Jean Ricard le fondateur

L’une des originalités de Chevalier est d’avoir accédé en un temps relativement court à un niveau de notoriété que la plupart des grands crus de Bordeaux ont mis plusieurs siècles à acquérir, grâce à un nombre limité de propriétaires, qui, tous ont eu à cœur d’assurer la continuité d’une démarche d’exigence. Ce sont eux qui ont véritablement créé les prémices de l’image actuelle de Chevalier, à savoir celle d’un Grand Cru positionné au sommet de la hiérarchie.

« De l’acquisition du domaine par Arnaud et Jean Ricard, en 1865, à son achat par ma famille, en 1983, trois hommes seulement se sont succédé à Chevalier. Du premier, Jean Ricard, je dirais qu’il est le véritable créateur du domaine ».

Des origines discretes

L’histoire de Chevalier est intimement liée à la présence de la forêt qui l’entoure et qui a longtemps occupé l’essentiel de la partie occidentale des Graves. En réalité, le véritable essor du domaine viticole ne date guère que de la seconde moitié du XIXe siècle.

Il faut remonter au milieu du XVIème siècle pour trouver dans les actes notariés les premières traces mentionnant l’existence d’une exploitation au lieu et place du domaine actuel. A cette époque, elle appartient à la famille de Lalanne, fondatrice du domaine, dont le patriarche, Jehan de Lalanne, est appelé « Chivaley », nom que porte aussi sa propriété. Les archives rapportent que l’exploitation, dont les occupants vivent en quasi autarcie, comporte alors « maisons, dépendance, jardins, terres, vignes, bois et prés ».

A l’époque, le terme de domaine, qui sera par la suite supplanté par celui de château, était riche d’un sens aujourd’hui disparu. A l’image de Chivaley, il désignait l’ensemble formé par une demeure, une famille et une exploitation agricole dans laquelle la vigne cohabitait avec l’élevage et les cultures vivrières… Le contrat passé par la famille de Lalanne avec la terre de Chivaley s’étendra sur pas moins de deux siècles pour être cédé en 1736 à Jean Destang, marchand à Léognan.

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APPROCHE
ARCHITECTURALE

L’agrandissement progressif du vignoble, à partir de 1985, nécessitait la mise en place d’installations adaptées. La rénovation complète des bâtiments fut réalisée pour l’essentiel en deux temps (1984 et 1991) sur la base de choix techniques et esthétiques inspirés par la beauté fonctionnelle et l’absence d’ostentation, en écartant d’emblée l’option du « faux ancien ». Un dispositif d’ensemble qui sera complété par la suite par un chai à bouteilles (2012), un cuvier béton (2013) et enfin un cuvier bois (2016). Subtilement intégrés, ces ajouts n’ont pas fondamentalement modifié la structure originelle de l’ensemble, qui date du XVIIe et reste ainsi globalement respectée.

L’EMPREINTE D’UNE
FONCTIONNALITÉ
ANCIENNE

La façade du bâtiment central, notamment, conserve les traces d’une fonctionnalité ancienne, avec sa double porte au premier étage, qui permettait autrefois de réceptionner la vendange en effectuant l’encuvage par gravité, principe aujourd’hui modernisé, que nous n’avons jamais abandonné.

Au résultat, le maintien d’un parti architectural bas à l’esthétique simple et sereine, forme évasée dument inscrite entre vignoble et forêt, se fond remarquablement dans le site et conforte l’image de discrétion et de forte assiette terrienne du cru.

Point d’Orgue
de l’ensemble

LE CUVIER

Concession à une modernité au demeurant intemporelle, le cuvier, avec son équipement de pointe, constitue le point d’orgue de l’ensemble. De forme cylindrique, il constitue un espace remarquablement composé qui dépasse en avant-corps sur la façade. Une passerelle dominant la cuverie, intégrée dans l’esthétique de pierre, de métal et de verre de la pièce, permet d’accéder directement à la surface des cuves où s’opère une partie essentielle du travail de vinification.

Le volume de ce carrefour fonctionnel, à la simplicité à la fois dépouillée et recherchée, s’offre sans retenue à la lumière du jour grâce à deux vastes ouvertures en vis-à-vis, l’une sur le parc, l’autre sur la cour d’honneur, et à l’éclairage zénithal d’un dôme de verre, sorte de centre « tellurique » du domaine.